La mobilisation des communautés locales (MCL) ne constitue pas une stratégie nouvelle en soi : l’idée que l’ensemble des acteurs concernés par un changement dans une communauté donnée puissent agir ensemble pour produire des changements, au-delà des frontières de leurs « mandats » respectifs, ne date pas d’hier.
À titre d’exemple, on retrouvait déjà les grands jalons de cette stratégie dans le domaine socioéconomique dès 1963 à travers les expériences du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ), initiatives locales coordonnées par l’État qui visaient la planification du développement de communautés rurales en déclin.
Même si le BAEQ n’a pas produit les résultats escomptés, il est intéressant de noter que les fortes résistances citoyennes qui sont apparues en réaction à la démarche (notamment les Opérations Dignités) ont elles-mêmes constitué des exemples marquants de prise en charge par la population de son propre développement. On pense également aux expériences d’animation sociale en milieu urbain qui visaient la planification de l’aménagement urbain avec les citoyens et citoyennes d’un quartier. L’idée de travailler à planifier et à mettre en œuvre le changement sur un territoire donné (une communauté) avec les acteurs concernés par ce changement, notamment les citoyennes et citoyens, constitue ainsi une stratégie qui existe depuis bon nombre d’années au Québec et ailleurs.
Hormis des expériences continues de développement local (surtout axées sur le développement économique), qui ont eu cours du milieu des années 1960 à aujourd’hui, on peut situer l’essor de la stratégie de mobilisation des communautés locales à partir des années 2000. Alors que les concertations sectorielles se multipliaient au Québec dans les années 1980, que les concertations multisectorielles faisaient de même dans les années 1990, combinées à l’émergence de partenariats plus formels entre l’État et les organismes communautaires en santé et services sociaux, la stratégie de mobilisation des communautés locales semble avoir été l’objet d’un véritable engouement au cours de la précédente décennie.
Présente dans de nombreux domaines d’intervention (santé et services sociaux, éducation, sécurité urbaine, emploi, etc.), il s’agit désormais d’une stratégie prisée tant par les pouvoirs publics que par divers acteurs du monde philanthropique et communautaire à travers une multitude d’approches.
Cette stratégie s’étend à travers le Québec, tant dans les communautés urbaines que rurales, si bien que l’on peut désormais parler d’une vague, d’une période d’effervescence, voire même d’un engouement quasi généralisé.